Elections présidentielles, second tour : un vote éclairé, exigeant et combatif

Nous nous retrouvons donc aujourd’hui face au risque qu’advienne en France un pouvoir nationaliste et xénophobe, autoritaire, et identitaire, ruinant les idéaux républicains de liberté, d’égalité et de fraternité.
Nous connaissons les responsables de ce désastre : non pas ceux  qui n’ont cessé de mettre en garde sur la crise démocratique et l’urgence sociale, mais tous ceux qui, une fois au pouvoir, ont fait la sourde oreille. Renseignés et lucides sur les graves défaillances de notre système politique confiscatoire et atrophié, résolus de longue date à lutter contre les principes et les effets d’une économie financiarisée, nous savons combien la plupart des dirigeants ont fait grandir les rangs du Front National en acceptant, voire en aggravant ces deux fléaux.

Ces cinq dernières années, je n’ai cessé d’alerter le pouvoir exécutif, François Hollande le premier, sur les dangers d’une politique libérale – dont Emmanuel Macron fut l’inspirateur – et autoritaire – comme l’a incarnée Manuel Valls. Dangereuse dans ses conséquences, car chaque fois ce sont les plus faibles qui la subissent, cette politique est aussi insupportable pour ce qu’elle produit, culturellement et politiquement : la progression de l’extrême droite. Les preuves électorales de ce nuage noir grandissant n’ont cessé de s’accumuler jusqu’à la dernière en date, le 23 avril.

L’entêtement, parfois brutal, de l’exécutif m’a conduit, avec d’autres, à m’opposer à lui de nombreuses fois, en tant que député : à des choix économiques favorables aux possédants et non aux salariés, nous avons opposé une stratégie économique de redistribution mais aussi d’accompagnement des territoires fragiles et de conversion écologique de notre pays ; à la remise en cause du Code du travail nous avons opposé une réforme plus protectrice tenant compte des nouvelles formes d’emplois ; à la funeste idée de déchéance de nationalité, nous avons opposé l’égalité des droits entre toutes et tous ; aux outils de police toujours plus sécuritaires et susceptibles demain de tomber entre des mains fascistes, nous avons opposé une approche fondée sur l’Etat de droit.

Face aux périls et aux médiocrités, la création du Mouvement commun se voulait le carrefour fécond de toutes nos énergies militantes et inventives, puisées dans toutes les belles audaces de la société. Pour fabriquer du commun. Il a été entendu et repris dans une large mesure par la gauche dans cette élection présidentielle. Peut-être doit-il reprendre le fil de ses premières raisons, sous cette forme ou une autre. Je n’abandonne rien de cette conviction que l’humain doit être notre boussole ; une humanité qui s’inscrit irréfutablement dans une nature préservée et partagée.  Nous devrons continuer, avec persévérance,  à marcher dans le chemin démocratique qui est le nôtre et que nous avons, chacun à notre manière, emprunté ces dernières années, contre ces politiques qui n’ont cessé de faire monter l’extrême-droite.

Pour ma part je ne prendrai pas le risque de donner le pouvoir à la monstruosité politique que leur impéritie, doublée d’irresponsabilité et d’inconscience, a enfantée. 

Opposé au programme d’Emmanuel Macron, sidéré par sa campagne provocatrice qui veut faire croire que son éventuelle élection serait le signe d’une adhésion, je sais que l’accident politique, c’est-à-dire l’élection de Marine Le Pen, est possible.

Face à l’extrême-droite, voter Macron, ce n’est aucunement adopter son programme. C’est s’engager à préserver la démocratie comme espace de conflits et de débats, de contradictions et de revendications, de luttes et de mobilisations. Défendre une république démocratique, sociale et écologique, c’est d’abord défendre le droit de la société à l’exiger, à l’inventer et à la construire. C’est ce droit que je défends par mon vote, dans la certitude qu’il sera mis en cause en cas d’élection de Marine Le Pen. Et c’est aussi ce droit que nous exercerons, ensemble, au lendemain de la défaite souhaitable de Marine Le Pen et donc de l’élection  d’Emmanuel Macron, lequel ne saurait se croire propriétaire de nos voix.

Dès le 8 mai, encore en droit de défendre nos causes communes et de bâtir une société meilleure, nous le lui rappellerons.

 

Billet publié sur Mediapart.


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