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Assemblée parlementaire de l’OSCE : un espace de dialogue en pleine crise du multilatéralisme

Adossées aux grandes organisations internationales, les assemblées parlementaires sont des espaces de rencontres politiques et interculturelles, décorrélées des gouvernements. Elles permettent aux peuples d’être en dialogue via leurs représentant•es dans les parlements nationaux et sont transpartisanes. Pour la France, celle de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) est composée de 8 députés et 5 sénateurs.

La session annuelle s’est tenue du 19 au 22 février à Vienne (siège de l’OSCE) et a rassemblé les délégués d’un ensemble de cinquante-sept pays, du Canada à la Mongolie, de la Suède à la Turquie.

Le spectre de la Russie poutinienne, désormais absente, a hanté les débats, qui ont montré un soutien écrasant à l’Ukraine. Si la Biélorussie et la Géorgie ont fait entendre une voix dissonante, la plupart des interventions ont demandé qu’elle soit évidemment partie régnante des négociations à venir la concernant. L’autre menace, Trump et ses alliés, a aussi été largement discutée, et la délégation États-Unienne – se voulant rassurante – n’a guère convaincu une assemblée préoccupée par la nouvelle géopolitique qui voit désormais la force prendre le pas sur le dialogue, la concurrence entre États effacer les cultures de coopération… et les dangers s’accumuler. Course effrénée au surarmement, pourrissement des zones de conflits et des négociations (Arménie/Azerbaïdjan, par exemple), menaces nucléaire grandissantes, remise en cause des frontières… les égoïsmes nationaux nous éloignent encore plus des graves menaces urgentes et prioritaires liées d’abord aux conséquences du changement climatique.

L’intérêt de ces espaces de rencontre est de permettre un dialogue moins empreint de formules diplomatiques parfois ampoulées et, selon moi, de poser les bases d’alliances politiques internationales indispensables pour nos causes humaines et écologistes.

Les groupes politiques se rencontrent également de façon transnationale… ce qui est une source d’enrichissement et de compréhension précieuse.

Il ressort néanmoins de cette session le sentiment d’un moment réel de bascule de la géopolitique mondiale, dans lequel les démocrates semblent désemparés face à la détermination des impérialismes russes, états-Uniens et chinois (bien que la question de la Chine ait été peu présente dans les échanges politiques cette année). Les fortes inquiétudes du Canada ou encore de La Pologne ou de la Slovaquie – et des démocrates états-Uniens sur la situation de leur pays – résonnent comme autant d’alertes sur les menaces qui pèsent sur les règles du multilatéralisme moderne et, ce faisant, sur les grandes causes que ce multilatéralisme tentait de réguler, à commencer par celle de la Paix. En première ligne, l’Europe, menacée en son sein par des gouvernements désormais indexés sur des puissances étrangères autoritaires et néo-fascistes, entre dans une grave période de turbulences dont nous devons prendre conscience pour endiguer la menace d’une alliance déjà à l’œuvre entre l’extrême-droite et des puissances oligarchiques inouïes au service de logiques nationalistes voire impérialistes.

Autant de termes que d’aucuns croyaient d’une autre époque. Il n’en est rien : notre monde est convulsé de toute part. Et la question de notre capacité à nous défendre, y compris militairement et technologiquement, est désormais posée. C’est déjà, en soi, un échec immense.

Prochaine rencontre : Porto en juin 2025.