Gel des demandes d’asile : protéger les persécutés d’Orient.

Des minorités de Syrie aux femmes afghanes en passant par les réfugiés palestiniens, Bruno Retailleau doit reprendre les instructions de demandes de visa pour les réfugiés.

Après les horribles massacres à Tartous et Lattaquié ces derniers jours, j’ai souhaité interpeller, au nom du groupe Écologiste et Social, le Ministre de l’Intérieur au sujet du gel des demandes d’asile syrienne annoncé le 19 décembre. Pour la première fois de son histoire, l’État français a décidé de ne plus répondre à la demande de protection des minorités persécutées en Orient.

« Depuis le début de ce que l’on a appelé, le printemps arabe, tous les Syriens victimes de persécutions pouvaient déposer une demande de visa en vue de demander l’asile en France. Sous la présidence de François Hollande, et même depuis 2011 sous celle de Nicolas Sarkozy – vous voyez je ne suis pas sectaire – ce sont 45 000 syriens qui ont trouvé refuge , et pour beaucoup en raison de leur appartenance à des minorités, de leur opposition au régime ou de fragilités particulières mettant leur vie en danger.

Il existe, vous le savez, deux grands programmes. Un programme dit de réinstallation en France, qui s’est notamment appuyé sur les capacités d’accueil de nos territoires, et un programme dit de « couloirs humanitaires », appuyé sur les capacités d’hébergement de citoyennes et citoyens, grâce à l’investissement notamment de Sant Egidio et de la Fédération Protestante. Je tiens d’ailleurs à les saluer, ainsi que tous les Français qui savent cultiver le sens de l’accueil. Ces dispositifs ont permis de réinstaller en France plusieurs centaines de familles.

Ces processus de demande d’asile commencent souvent au Liban, en Jordanie ou en Turquie, quand l’exil, de fait, a déjà commencé.

Suite à la chute d’Assad, vous, ministre de l’Intérieur avez annoncé dès le 19 décembre le gel de toutes les procédures de demandes d’asile de syriennes et de syriens, jetant aux orties ces dispositifs qui protègent pourtant les minorités persécutées. 700 demandes d’asile ont alors été mises en suspens, en attendant de pouvoir jauger de la situation politique en Syrie.

Mais aujourd’hui, les minorités, notamment à Tartous et à Lattaquié, principalement chrétiennes et alaouites sont victimes de persécutions et d’exactions, comme avant eux les Yézidis. Votre décision, qui avait été soutenue par la droite et extrême-droite, qui pourtant hier s’empressait de verser des larmes de crocodile, nous met dans une situation unique depuis le début de la crise en Syrie. Pour la première fois de son histoire, l’Etat français a décidé de ne plus répondre à la demande de protection des minorités persécutées en Orient.

Désormais, ce sont des centaines de cas qui sont signalés dans nos consulats limitrophes de la Syrie. Ils ne sont plus en mesure ne serait-ce que d’instruire ces demandes ou de les recevoir en raison de votre décision Monsieur le Ministre. Ce que je vous dis là vaut aussi pour les femmes Afghanes, pour les réfugiés palestiniens et pour tous ceux qui aujourd’hui sont victimes de tous les tremblements du monde.

Quand allez-vous vous décider à lever ce gel, annoncé sans en mesurer les conséquences ? »

La réponse du Ministre :