Malgré les annonces de François Bayrou sur le maintien du nombre d’enseignants, l’éducation nationale est directement atteinte par les choix budgétaires du gouvernement et la nouvelle carte scolaire : baisses de dotation horaire, fermetures de classes, suppression de postes et remise en cause des dispositifs d’accompagnement des élèves en difficulté… Autant de choix anti éducatifs et antisociaux sous couvert d’ajustements démographiques.
Le rectorat de Paris justifie les fermetures de classes par la baisse démographique, une tendance réelle, mais plutôt que de maintenir des effectifs réduits favorisant l’accompagnement pédagogique, le gouvernement et le rectorat optent pour des coupes drastiques : 198 classes fermées pour seulement 21 ouvertures, soit la suppression de 110 postes dans le premier degré. Cette décision témoigne d’une volonté de rationalisation des coûts au détriment de l’investissement éducatif. Dans ma circonscription, ce sont 15 classes qui sont destinées à être fermées : 5 dans le IIIème arrondissement et 10 dans le Xème arrondissement.
La question que je pose est simple : alors que chacun reconnaît la qualité de l’éducation à Paris… Pourquoi la détériorer ? Pourquoi ne pas s’en inspirer pour tous les territoires aujourd’hui en difficulté ?
L’abandon des directeurs et directrices d’école
Outre ces fermetures de classes, le rectorat a annoncé la suppression du régime dérogatoire des décharges de direction, en place depuis 1982. Jusqu’ici, les directeurs et directrices d’écoles bénéficiaient de décharges à partir de 5 classes, leur permettant d’assurer le suivi administratif et pédagogique. La remise en cause de ce dispositif va alourdir la charge de travail des enseignants et diminuer la qualité de l’encadrement.
Dans un contexte où le manque de reconnaissance et la surcharge administrative alimentent une crise des vocations, le gouvernement semble ignorer les alertes répétées des syndicats et des professionnels de l’éducation.

Le second degré n’est pas épargné par les coupes budgétaires
Enfin, la baisse de dotation des dispositifs d’accompagnement des élèves en difficulté, notamment les UPE2A (élèves allophones nouvellement arrivés) et les ULIS (unités localisées pour l’inclusion scolaire) est inadmissible.
Alors que Paris accueille le plus grand nombre d’élèves allophones de France, et que tous les jours des discours xénophobes dénoncent une « mauvaise intégration », la suppression des heures d’enseignement spécifique en histoire-géographie et en mathématiques va fortement fragiliser leur intégration. Quant aux élèves en situation de handicap, la diminution des moyens alloués aux ULIS traduit une fois de plus un recul de l’ambition inclusive affichée par le gouvernement. Au moment même où ces baisses de dotations sont annoncées : la ministre Elisabeth Borne a visité une classe ULIS dans le XIème arrondissement à l’occasion des 20 ans de la loi handicap : quelle ironie…
Une école publique sous pression face au privé
Ces restrictions budgétaires s’inscrivent dans un paysage éducatif où l’école publique est déjà fragilisée par la montée en puissance de l’enseignement privé. Aujourd’hui, près d’un tiers des élèves parisiens sont scolarisés dans le privé, une tendance en hausse qui accentue la concurrence entre les deux systèmes. Selon le chercheur Julien Grenet, si rien ne change d’ici là, un élève sur deux pourrait être scolarisé dans l’enseignement privé d’ici une dizaine d’années1.
Face à une vision comptable et rabougrie, nous plaidons pour garder hautes les ambitions éducatives pour nos enfants et pour l’école républicaine censée garantir l’égalité des chances.
Un projet contesté par les syndicats et les familles
Face à ces annonces, la communauté éducative se mobilise. Les syndicats d’enseignants et de direction ainsi que les parents d’élèves se sont rassemblés ce mardi 11 février devant le rectorat pour dénoncer ces mesures qui, selon eux, marquent un tournant à Paris. Les élus étaient à leurs côtés.
La politique éducative actuelle semble déconnectée des besoins des élèves et des réalités du terrain. Alors que les inégalités scolaires se creusent et que la crise du recrutement des enseignants s’intensifie, ces fermetures de classes apparaissent comme une hérésie. Ou pire, un choix idéologique.
Dans ce sens, j’ai interpellé la ministre de l’Éducation nationale à travers une question écrite et j’ai été reçu avec mes collègues députées écologistes de Paris au ministère afin d’aborder tous ces sujets. Les réponses apportées ne sont clairement pas satisfaisantes pour le moment et nous continuons à défendre toute la communauté éducative, les élèves et les parents inquiets.

- https://www.mediapart.fr/journal/france/070224/julien-grenet-l-ecole-privee-sera-majoritaire-paris-dans-dix-ans#:~:text=enseignement%20sup%C3%A9rieur%20Entretien-,Julien%20Grenet%20%3A%20%C2%AB%20L’%C3%A9cole%20priv%C3%A9e%20sera%20majoritaire%20%C3%A0%20Paris,alerte%20l’%C3%A9conomiste%20Julien%20Grenet.
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