Peine ou châtiment : en finir avec une vision sadique de la peine

Le Gouvernement a introduit en commission des lois, un nouvel article prévoyant la création de quartiers sécurisés pour la détention des « têtes de réseau ». Initialement à destination des « 100 plus gros narcotrafiquants », ce nouveau régime carcéral vise en réalité tout le champ de la criminalité organisée. 

Cet article concentre à lui seul tous les errements du Gouvernement dans cette proposition de loi et ses agissements irresponsables au regard de l’état de droit : atteinte à la présomption d’innocence, bafouement de la dimension rédemptrice de la peine, atteinte à la séparation des pouvoirs, atteinte à la dignité des individus, atteinte aux droits fondamentaux, atteinte au droit de la défense.

S’il est impératif d’empêcher les chefs de réseaux d’opérer depuis les prisons, une mesure qui rassemblerait au même endroit des individus qui disposent de moyens financiers colossaux serait contreproductive et présenterait un risque de corruption majeur. La lutte contre le narcotrafic, contre les narcotrafiquants, ne saurait par ailleurs s’assortir de mesures attentatoires aux libertés individuelles. On ne luttera pas mieux en se séparant de l’État de droit.